Qu’ont en commun des pratiques aussi variées que le libre accès aux publications scientifiques (par le biais des revues ou des dépôts institutionnels), la recherche-action participative et la démocratie scientifique, ainsi que la création de lieux alternatifs de recherche (tels que les laboratoires ouverts, les laboratoires vivants et les boutiques de sciences), l’ouverture et le partage des données de recherche et bibliographiques, l’écriture scientifique collaborative, le recours au web 2.0 et aux réseaux sociaux pour diffuser et valoriser les recherches, la contribution aux ressources éducatives libres (MOOC et autres), l’intérêt pour les savoirs locaux, les sciences citoyennes et participatives, la critique des pratiques conventionnelles d’évaluation par les pairs et la priorité accordée aux logiciels libres?
Nous considérons qu’elles relèvent d’un cadre normatif scientifique alternatif qui se déploie de plus en plus au sein du monde de la recherche scientifique et à ses marges. Il s’agit de la « science ouverte » que nous définissons comme un ensemble de normes, de pratiques et d’outils de recherche qui, malgré leur hétérogénéité, proposent un modèle alternatif aux chercheurs et chercheuses d’aujourd’hui.
C’est une science qui s’ouvre aux savoirs non scientifiques (traditionnels, locaux, politiques, quotidiens, etc.) au lieu de les mépriser ou de les ignorer.
C’est une science qui s’ouvre à la contribution des non-scientifiques à la recherche, que ce soit dans la collecte des données ou la définition du projet de recherche.
C’est une science qui donne universellement accès à ses textes et à ses données de recherche, dans tous les pays du monde et sans barrière financière, et qui favorise leur réutilisation au service du bien commun.
C’est une science qui rejette la tour d’ivoire et la séparation entre les scientifiques et le reste de la population du pays.
C’est une science qui vise la justice cognitive et le respect de tous les savoirs humains, qu’ils viennent des pays du Sud ou des pays du Nord.
C’est une science qui est un bien commun, qui appartient à l’humanité.
Ce cadre normatif alternatif repose sur la critique de la science conventionnelle, notamment ses pratiques de publication ou ses rapports limités avec le reste de la société, ou en rejette le cadre normatif dominant, axé sur l’expertise exclusive des chercheurs et chercheuses professionnels et l’économie marchande du savoir. Qu’elle soit orientée vers l’idéal du libre partage des connaissances, de la justice cognitive ou du rapprochement entre la science et la société, la science ouverte semble proposer de voir la science comme un des « biens communs » contemporains et non comme la propriété des chercheurs et chercheuses ou de ceux qui les financent (État ou industrie).
La promotion de la science ouverte est une des actions prioritaires de l’Association science et bien commun, car la science ouverte peut contribuer à la démocratisation de l’accès aux sciences, que ce soit en rendant libre l’accès aux publications et aux données scientifiques, en permettant la naissance de projets de science citoyenne ou science collaborative ou en lançant des débats sur la science, ses priorités, ses effets, sa responsabilité et son ancrage social, culturel et politique. Voici différents projets de l’Association en matière de science ouverte.
- Veille Internet sur la science ouverte (libre accès, données ouvertes, science citoyenne, MOOCs, blogs de science)
- Colloque « La révolution de la science ouverte et de l’accès libre : état des débats et des enjeux », 6-7-8 mai 2013 à Québec. Les vidéos des conférences sont accessibles ici.
- Colloque « Une autre science est possible : science engagée, science collaborative, science ouverte contre la marchandisation du savoir » (mai 2011, Université de Sherbrooke).
- Présentation powerpoint sur la science ouverte (licence cc-by)
- Le mouvement du libre accès en 8 diapositives
- Projet Science ouverte en Haïti et en Afrique francophone
- Constitution d’un répertoire des ressources scientifiques en accès libre pour les pays du sud – Projet collaboratif auquel tous peuvent participer
Voici quelques liens intéressants sur l’accès libre :
– Science et bien commun : les transformations des pratiques scientifiques à l’ère du numérique
– État des débats sur l’évaluation ouverte
– Liste de toutes les ressources anglophones sur le libre accès (en anglais)
– Synthèse sur les politiques institutionnelles de libre accès
– Déclaration de Budapest sur l’accès libre
– Budapest 10 ans plus tard (septembre 2012)
– Directory of Open Access Journals (9417 revues en juin 2013, 10,122 revues en décembre 2014)
– Plateforme de revues en accès libre d’Amérique latine
– Répertoire des politiques universitaires d’accès libre
– Répertoire français des politiques d’auto-archivage des revues scientifiques
– Répertoire espagnol des politiques d’autoarchivage des revues scientifiques
– Dépôt institutionnel de l’Université de Liège
– HAL-AUF (Francophonie, Afrique et océan indien)
– HAL – archive ouverte en sciences sociale et humaines du CNRS (France)
– Répertoire des dépôts institutionnels en accès libre
– Coalition des universités nord-américaines pour l’accès libre
– Editorial de la revue Nature en faveur du libre accès, juin 2013
– Confédération des dépôts en accès libre
– La formation à la science ouverte et ses ressources (Blog en anglais)